Référendum, syndicats, élus : quelques réflexions autour du concept de « démocratie sociale »
Alors que le concept de démocratie sociale est constamment mis en avant depuis une vingtaine d’années, les nouveaux textes issus des ordonnances de 2017 obligent à se réinterroger sur son contenu : la démocratie sociale passe-t-elle par un régime de représentation adapté, et lequel, ou bien faut-il favoriser la participation directe des salariés ? Au-delà de cette question, c’est le système français, fondé sur la diversité de la représentation, et sur la force de la légitimité conférée par l’élection, qui est questionné.
Le concept de démocratie sociale, considéré comme le pendant moderne de la démocratie politique et l’aboutissement des régimes modernes, a été au départ uniquement envisagé dans les rapports entre l’État et les citoyens. Sa caractérisation majeure a longtemps été l’institution de la Sécurité sociale en 1945, organisme cogéré directement par les partenaires sociaux. En droit du travail, dans les rapports entre employeur et salariés, le véritable tournant date de 2007, avec l’inscription dans l’article L. 1 du Code du travail de l’obligation pour le législateur de n’introduire de réforme en droit du travail qu’après concertation avec les partenaires sociaux. La loi n° 2008-789 du[...]
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Rosanvallon P., La contre-démocratie, la politique à l’âge de la défiance, 2006, Seuil.
Rousseau J.-J., Du contrat social, 2011, Flammarion poche.
Constant B., De la liberté des anciens comparée à celle des modernes (1819), 1980, Le Livre de poche : l’auteur en concluait que « le système représentatif est une procuration donnée à un certain nombre d’hommes par la masse du peuple, qui veut que ses intérêts soient défendus, et qui néanmoins n’a pas le temps de les défendre toujours lui-même ».
Castel R., « Démocratie sociale », in Casillo I. et a., Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, 2013, GIS Démocratie et Participation.
Il était ainsi prévu par l’article L. 3132-25-3 du Code du travail pour l’ouverture le dimanche.
Dans sa décision n° 2017-664 du 20 octobre 2017, le Conseil constitutionnel reproche à la loi de 2016 d’avoir exclu du dispositif d’organisation du référendum les syndicats non-signataires de l’accord dont l’approbation est demandée. Mais il ne censure pas le fait de pouvoir « compléter » le nombre insuffisant de voix syndicales par les voix des salariés.
En ce sens, Cass. soc., 22 janv. 2014, n° 12-27478 : Bull. civ. V, n° 31. La question était celle du travail du dimanche, l’employeur considérant qu’un syndicat ne pouvait, au nom de l’intérêt collectif, s’opposer à la mise en place d’un accord sur le travail du dimanche alors que la majorité des salariés était volontaire pour travailler le dimanche.
Cons. const., 6 nov. 1996, n° 96-383 DC : « (...) des salariés désignés par la voie de l’élection ou titulaires d’un mandat assurant leur représentativité, peuvent également participer à la détermination collective des conditions de travail dès lors que leur intervention n’a ni pour objet ni pour effet de faire obstacle à celle des organisations syndicales représentatives. »
OIT, convention n° 135 de 1971, art. 5.
Rosavallon P., op. cit.
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Plan
- 1Le nouveau droit des accords collectifs de travail
- 1.1Référendum, syndicats, élus : quelques réflexions autour du concept de « démocratie sociale »
- 1.2Les rapports entre accords de branche et d’entreprise : « renforcement de la négociation collective » ou renforcement du pouvoir patronal ?
- 1.3Les contours de la pré-justification conventionnelle du motif de licenciement
- 1.4Observations sur les nouvelles règles de contestation d’un accord collectif