Conséquences fiscales de la requalification d'une tontine en donation déguisée
www.impots.gouv.fr, CADF/AC n° 4/2021, 6 mai 2021, aff. n° 2021-08 : DEF 9 sept. 2021, n° DEF202z8
En dépit de son régime fiscal dissuasif, codifié à l’article 754 A du Code général des impôts (CGI), la clause d’accroissement insérée dans une acquisition immobilière paraît conserver encore certains attraits pour les amateurs de curiosité. Fascination qui n’est pas sans danger quand, jouant aux apprentis sorciers, les utilisateurs de la clause s’en servent comme un paravent pour y loger une donation.
L’économie en est bien connue : elle permet, à des acquéreurs conjoints, de décider que la propriété du bien acquis ensemble reviendra en totalité au survivant, chacun d’entre eux étant dans l’intervalle propriétaire du bien sous condition suspensive de sa propre survie, et sous condition résolutoire du prédécès de l’autre. Ainsi résumée, la convention n’est rien d’autre qu’un pari sur la mort, qui décidera rétroactivement de la propriété du bien. Mais pour y voir un pari, encore faut-il que le jeu ne soit pas truqué et que le résultat ne soit pas connu d’avance1. L’affaire déférée devant le Comité de l’abus de droit fiscal (CADF) constitue à cet égard un guide parfait des erreurs à ne pas commettre.
Les faits. Des époux séparés de biens avaient donc, en 2013, acquis ensemble sous tontine2 un appartement moyennant un prix de[...]
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P. Camelo, « Du bon usage de la roulette russe dans le contrat de société : tontine, aléa et abus de droit », Dr. fisc. 2016, n° 28, 408, nos 8 et s.
Pour des acquisitions avec une interposition de SCI et clause tontinière dans les statuts, v. les deux avis du CADF du 31 mars 2016 (aff. nos 2015-21 et 2015-22 : https://lext.so/c7BztL).
H. Méau-Lautour, La donation déguisée en droit civil français. Contribution à la théorie générale des donations, t. 184, 1985, LGDJ, Bibliothèque de droit privé, préf. P. Raynaud, n° 175.
C. Larroumet, note ss Cass. 1re civ., 11 janv. 1983, n° 81-16307 : Bull. civ. I, n° 15 ; D. 1983, p. 501.
Le CADF a procédé à une analyse identique en dissociant aléa vital et aléa économique lors des deux avis rendus le 31 mars 2016 (aff. nos 2015-21 et 2015-22 : https://lext.so/c7BztL).
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Plan
- 1Fiscalité du patrimoine
- 1.1I. Patrimoine privé
- 1.2II. Patrimoine professionnel
- 1.2.1Apport en nue-propriété à une SCI et donation subséquente des parts : attention à l’abus de droit
- 1.2.2Apport-cession : quid du réinvestissement en location meublée ?
- 1.2.3Pacte Dutreil : la perte par la holding de sa fonction d’animation avant le terme des engagements de conservation ne remet pas en cause l’exonération partielle